Vues et perspectives
Actions des marchés émergents

Actions “income” émergentes : résilience dans un monde volatil

De l'intelligence artificielle (IA) à la transition énergétique inéluctable, nous explorons les raisons de rester positif sur les marchés émergents dans un monde à la Trump.

Author
Senior Investment Director
em income equity

Duration: 8 Min

Date: 07 mars 2025

Les élections américaines sont enfin derrière nous. La réaction spontanée du marché a été qu'une deuxième présidence de Donald Trump pourrait être synonyme d'ennuis pour les marchés émergents (ME). Les investisseurs craignent que les politiques « America-first » de Trump ne perturbent le commerce, n'augmentent les coûts d'exportation et ne propulsent le dollar américain à la hausse. Si ces craintes sont fondées, un examen plus approfondi révèle une situation plus nuancée et plus encourageante pour les marchés émergents. 

Récapitulatif rapide

Au début de 2024, le sentiment des investisseurs envers les ME était positif, soutenu par des attentes de développement robuste des infrastructures, un essor technologique et un ralentissement de l’économie américaine compensant la reprise retardée de la Chine. Cependant, au fil de l’année, la volatilité a augmenté. Les investisseurs ont revu à la baisse leurs attentes de réduction des taux et ont recherché des valeurs refuges comme le dollar américain. La réélection de Donald Trump en novembre a accentué les doutes concernant les perspectives des ME.

Perspectives 2025 : vents contraires et vents favorables

Le consensus prévoit que 2025 pourrait être difficile pour les ME, avec le commerce, les taxes douanières et les taux d’intérêt pesant sur les perspectives. La déréglementation américaine et les réductions d’impôts pourraient renforcer le dollar, posant un défi pour les ME.

Cependant, la faible détention d’actions des ME et des valorisations attractives offrent un potentiel de surprises positives. Les banques centrales et les gouvernements des ME ont démontré une discipline fiscale et monétaire robuste depuis plus d’une décennie. Des niveaux d’endettement sains des entreprises et des pays ont renforcé cette résilience.

Pendant ce temps, certaines des promesses de campagne controversées de Trump, y compris les taxes douanières sur toutes les importations chinoises, se sont déjà matérialisées malgré leur impact potentiel négatif sur l’économie américaine. Au moment de la rédaction, les États-Unis ont mis en place un tarif de 10 % (modeste par rapport aux 60 % promis) sur toutes les importations chinoises. Le gouvernement chinois a rapidement annoncé des représailles de l’ordre de 10 à 15 % sur les équipements énergétiques et agricoles américains, ainsi que des restrictions possibles sur les exportations de minéraux critiques. La réponse de la Chine a été ciblée plutôt que générale, ce qui pourrait réduire le risque d’escalade de la guerre commerciale. Des négociations sont possibles, bien qu’il soit incertain quel type d’accord chaque partie souhaite à ce stade. Il est également incertain si les menaces de Trump visent à réorganiser l’économie mondiale ou simplement à obtenir des concessions.

Ailleurs, les taxes de 25 % des États-Unis sur le Mexique et le Canada ont été temporairement suspendus jusqu’à début mars. Cette pause est survenue après que les dirigeants des deux pays ont annoncé de nouvelles mesures frontalières visant à stopper le flux d’immigrants illégaux et de fentanyl. Cette réponse est conforme à nos attentes selon lesquelles Trump voit principalement les menaces de taxes douanières non-chinoises comme un levier de négociation.

Cela dit, les menaces de Trump envers d’autres régions (y compris l’UE), ses commentaires depuis l’inauguration et l’annonce d’un Service des recettes extérieures (qui, soit dit en passant, existe déjà sous la forme du Département du commerce et de la Protection des douanes et frontières des États-Unis) peuvent également indiquer une autre logique. Trump pourrait également tenter d’utiliser les revenus de ces taxes pour compenser les pertes de revenus dues à ses réductions d’impôts domestiques agressives prévues.

Qu’en est-il de la Chine ?

L’histoire a montré que le narratif selon lequel “les taxes de Trump sont mauvaises pour la Chine” n’est pas le principal moteur des rendements en Chine. L’impact direct de ces taxes était relativement modéré lors de la guerre commerciale de 2018. Après le choc initial, les marchés chinois ont rebondi de fin 2018 à mi-2021.

Ce rallye a fléchi en raison de facteurs domestiques – politiques radicales dues au Covid, répression réglementaire et désendettement immobilier... De plus, après le premier mandat de Trump, les entreprises chinoises ont développé d’autres destinations pour leurs exportations, les rendant moins exposées aux taxes douanières. Parallèlement, la Chine a diversifié ses importations en renforçant ses liens avec les pays d’Asie centrale, par exemple.

Il est important de noter que des commentaires récents du gouvernement chinois suggèrent le lancement de mesures de relance budgétaire indispensables pour stimuler la consommation. Cela inclut les déclarations de Xi Jinping en décembre, affirmant que des mesures macroéconomiques “plus proactives” étaient nécessaires.

Les raisons de garder le cap

Les ME bénéficient de tendances microéconomiques favorables. Historiquement, la performance des ME était liée au cycle d’investissement mondial, de nombreuses entreprises produisant des biens tangibles basées dans ces régions. Aujourd’hui, un nouveau cycle mondial de dépenses d’investissement – motivé par la technologie, la transition “verte”, la réduction des risques de la chaîne d’approvisionnement et la demande intérieure croissante – crée des opportunités pour les entreprises des ME et renforce leur croissance bénéficiaire.

Les développements au Mexique, au Brésil, en Inde et au Moyen-Orient sont particulièrement encourageants. L’Inde se distingue par une croissance économique robuste, stimulée par le développement des infrastructures, un cycle naissant de dépenses d’investissement privées et une reprise progressive de la consommation rurale. Tout cela est soutenu par des politiques favorables aux entreprises.

Les États du Golfe sont restés relativement isolés des défis des ME de l’année dernière et des conflits régionaux. Ils bénéficient de l’arrimage au dollar américain et d’une forte croissance des bénéfices des entreprises.

Bien que le sentiment sur le Mexique soit négatif, nous pensons que les marchés ont déjà intégré une grande partie des mauvaises nouvelles. Il existe également de nombreuses entreprises mexicaines robustes et bien gérées dans lesquelles investir. Un effet inflationniste potentiel pourrait également limiter la capacité des États-Unis à saper le commerce avec le Mexique de manière trop sévère.

Il y a néanmoins quelques points négatifs… Quelques pays des ME ont commis des erreurs fiscales ces dernières années. Néanmoins, ces erreurs de gestion du capital sont cycliques, masquant une résilience économique intérieure croissante dans de nombreux pays des ME. Cela devrait accroître la pertinence des ME en tant que classe d’actifs, augmentant leur capacité à offrir une diversification efficace aux investisseurs. Les entreprises davantage axées sur la consommation intérieure devraient bien se comporter dans cet environnement.

Comment cela se traduit-il dans la pratique ?

Tout au long de 2024, l’intelligence artificielle (IA) a été une aubaine pour de nombreuses entreprises technologiques. Les perspectives sont tout aussi prometteuses. Un exemple à mettre en avant est Yageo Corporation, basée à Taïwan, qui devrait bénéficier substantiellement de l’essor de l’informatique de haute puissance. Il y a aussi Alchip, qui fournit des services de conception et de fabrication de silicium, axés sur les circuits intégrés spécifiques à une application. Ces derniers excellent dans l’exécution de fonctions spécifiques de manière aussi efficace et rapide que possible.

Trump a clairement exprimé ses sentiments sur le changement climatique, comme en témoigne son retrait de l'Accord de Paris sur le climat. Néanmoins, la transition énergétique mondiale est pleinement engagée et continue de créer des opportunités d'investissement convaincantes. Prenons l'exemple du mineur d'uranium kazakh National Atomic Company Kazatomprom (NACK). Il extrait environ 20 % de l'uranium mondial à un coût inférieur à celui de ses pairs. La position de NACK dans la chaîne d'approvisionnement lui confère un pouvoir de tarification distinct, tandis que la demande continue d'électricité pour les centres de données liés à l'IA devrait également stimuler la croissance future.

Enfin, nous avons Capital India Trust Limited, une société cotée à Singapour. Cette société devrait bénéficier d'un changement dans le cycle de l'immobilier commercial en Inde et d'un investissement prospectif dans les centres de données.

Conclusions...

Les quatre prochaines années pourraient marquer le début d'une ère marquée par le caractère agressif de l'exceptionnalisme américain. Les droits de douane, un dollar américain fort et des politiques axées sur le marché intérieur constitueront des défis pour les pays émergents. Cependant, nous constatons que les entreprises et les pays émergents resserrent de plus en plus leurs liens entre eux. Nous observons également des entreprises qui ne dépendent pas des États-Unis et qui présentent des bilans solides, un fort potentiel de cash-flow et des valorisations attrayantes. Par ailleurs, les facteurs structurels favorables - en particulier l'augmentation des dépenses d'investissement - restent intacts. Ainsi, malgré les gros titres, l'opportunité des marchés émergents reste bien réelle.

Les entreprises sont sélectionnées à titre d'exemple uniquement pour illustrer le style de gestion décrit dans le présent document et non comme une recommandation d'investissement ou une indication des performances futures.

Prochaines étapes

Capacités présentées

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