Félicitations pour ce troisième anniversaire. Rétrospectivement, qu'est-ce qui vous a amené à élaborer cette stratégie ?
Sam : Nous avons constaté une lacune sur le marché. À l'époque, il existait de nombreuses stratégies d'impact dans le secteur privé qui étaient alignées sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, mais pratiquement aucune dans les marchés publics.
Liam : Et pour ce qui est des obligations corporate émergentes, c’était le néant.
Sam : Notre objectif était d'apporter cette approche innovante que nous observions à une base de clients plus large, en aidant à déplacer le capital vers l'investissement dans des solutions durables et qui contribue à la réalisation des ODD.
Y a-t-il eu beaucoup de réactions négatives ?
Liam : En interne ? Non. À l'extérieur ? C'était plus difficile. De nombreux investisseurs étaient sceptiques à l’idée de conjuguer investissement à impact, sans compromettre les rendements. Mais nous étions convaincus qu'il était possible d'investir de manière à réaliser des profits, sans négliger les objectifs ESG et durables.
Sam : Et je suis heureux de dire que, trois ans plus tard, notre stratégie a porté ses fruits en termes d'impact sur le monde réel et de performances financières.
Comment avez-vous procédé pour élaborer la stratégie ?
Liam : Par chance, abrdn disposait déjà d'une stratégie pionnière en matière d'impact sur les actions mondiales et d'une solide équipe dédiée la durabilité, ce qui nous a permis de collaborer avec eux pour créer notre propre processus et notre propre cadre.
Sans entrer dans les détails techniques, comment cela se passe-t-il dans la pratique ?
Sam : La première étape consiste à identifier les entreprises qui sont intéressantes d'un point de vue financier. Si elles ne satisfont pas à cette exigence, nous ne les intégrerons pas dans notre portefeuille.
Liam : Ensuite, nous recherchons des entreprises dont les produits et services sont clairement et matériellement alignés sur les ODD, notamment en réduisant les inégalités ou en apportant des solutions climatiques. Nous avons décomposé les 17 ODD en huit piliers d'impact qui représentent des thèmes investissables, tels que l'énergie durable, l'inclusion financière, l'eau et l'assainissement.
Sam : Ensuite, nous appliquons notre « théorie du changement ». Nous commençons par utiliser les objectifs de développement durable pour identifier un besoin non satisfait, que nous considérons comme une source de demande ou besoin potentielle. Ensuite, nous nous assurons que les activités d'une entreprise répondent directement à ce besoin.
Liam : Cette contribution doit être significative, voire tangible, et nous nous concentrons sur les dépenses d'expansion pour le démontrer.
Sam : Enfin, et c'est le plus important, nous voulons mesurer l'impact de l'entreprise et en rendre compte.
Avez-vous des exemples d'entreprises dont vous parlez ?
Liam : Un nom que nous aimons bien est celui de l'entreprise de services publics philippine Manila Water. L'impact de cette entreprise est impressionnant. Elle a réussi à améliorer l'accès à l'eau potable à Manille, passant de moins de 30% de la population en 1997 à 98% aujourd'hui.
Sam : L'objectif actuel est de faire passer la couverture des eaux usées de 30 % aujourd'hui à 99 % d'ici à 2037. La quasi-totalité des dépenses d'investissement de l'entreprise est consacrée à l'extension et à la modernisation de son réseau. Nous nous sommes engagés à plusieurs reprises avec Manila Water pour améliorer la communication et mieux intégrer les mesures de durabilité. Cela a permis d'améliorer ses notations ESG externes. Cela a également porté ses fruits d'un point de vue financier, les obligations surpassant les performances de leurs homologues.
Chart 1: Active engagement to drive positive financial and sustainable outcomes
Comment le marché a-t-il évolué au cours des trois dernières années ?
Liam : Il a certainement évolué et nous avons constaté une augmentation significative du nombre d'émetteurs d'obligations alignées sur les ODD pour la première fois. Cela a ajouté de la profondeur et de la diversité à l'univers. Nous avons ajouté plusieurs noms au portefeuille, notamment un spécialiste péruvien de l'oncologie, des sociétés de télécommunications subsahariennes et des prêteurs indiens spécialisés dans la microfinance.
Sam : Nous avons également constaté une augmentation considérable des obligations vertes (green bonds), sociales et durables. Lors de notre lancement, ces actifs représentaient environ 5 % des nouvelles émissions. Aujourd'hui, ils représentent plus de 30 %. Malgré cela, il n'existe qu'une poignée de fonds d'obligations corporate émergentes classés article 9 SFDR sur le marché, ce qui souligne le caractère unique de notre produit et notre rôle de pionnier.
De quoi êtes-vous le plus fier en ce qui concerne la stratégie ?
Sam : Il y a eu plusieurs points forts, mais nous sommes particulièrement fiers de notre rapport annuel. Ce document complet (il comptait 55 pages l'année dernière) donne vie aux entreprises innovantes de notre portefeuille et montre l'impact qu'elles ont sur le monde réel.
Liam : D'après les réactions que nous avons reçues, nous savons que le rapport donne à nos clients l'assurance que les entreprises dans lesquelles nous investissons tiennent leurs promesses.
Enfin, quelles sont les perspectives en matière de durabilité dans la classe d'actifs ?
Liam : Il est indéniable que les progrès globaux dans la réalisation des ODD ont été décevants. Nous sommes maintenant à mi-parcours pour les objectifs de 2030, et seulement 15 % des cibles sont en bonne voie.
Sam : Mais cela ne fait que nous encourager à redoubler d'efforts dans notre mission. Les gouvernements, les entreprises et les investisseurs doivent se recentrer sur les objectifs de 2030 et les intégrer dans leur processus décisionnel. L'augmentation significative de l'adoption de l'énergie renouvelable, en particulier de l'énergie solaire, montre que c'est possible.
Liam : Dans l'ensemble, nous sommes donc optimistes et nous nous attendons à ce que de plus en plus d'entreprises des marchés émergents accordent la priorité à la durabilité. Nous saurons naviguer dans les méandres des marchés et nous nous réjouissons de continuer à travailler pour nos clients au cours des trois prochaines années et au-delà.
Les entreprises sont sélectionnées à titre d'exemple uniquement pour illustrer le style de gestion décrit dans le présent document et non comme une recommandation d'investissement ou une indication des performances futures.