Aujourd’hui, les assureurs peuvent rechercher une alternative à la détention d’importantes liquidités, et nous pensons que le « fund financing » pourrait être la réponse pour beaucoup.
Le « fund financing » peut contribuer à renforcer la diversification et à gérer la volatilité, tout en offrant un potentiel de rendement significatif par rapport aux liquidités. Et le moment est peut-être particulièrement opportun pour envisager cette stratégie, car elle est composé en grande partie de dettes à taux variable, une classe d'actifs qui peut bénéficier d'une hausse des taux d'intérêt comme celle que nous connaissons aujourd'hui.

Qu’est-ce que le « fund financing » ?

Le « Fund Financing » consiste à financer par le biais de crédits relais de court terme des fonds de marché privé comme le Private Equity, le Private Credit, l’Infrastructure ou l’Immobilier, à divers stades de leur cycle de vie. La stratégie est divisée en deux grandes catégories :
  • Financement adossé aux engagements des Limited Partners (LP) ou lignes de souscription 
    Financement accordé pendant la phase initiale d’investissement d’un fonds (en général 2-3 ans) et adossé à un recours prioritaire sur les engagements non tirés des Limited Partners (LP). Ceux-ci sont généralement des investisseurs de premier ordre, assureurs, fonds de pension et fonds souverains.
  • Financement adossé à la valeur nette des actifs (NAV) 

    Financement accordé sur un portefeuille existant qui sert de garantie grâce à ses actifs et son cashflow, à un stade plus avancé donc du cycle de vie du fonds.

Pourquoi envisager cette classe d’actifs ?

Il existe plusieurs bénéfices opérationnelles et financières pour les investisseurs (LP) et gérants (GP) :
  • Une plus grande réactivité offerte aux GP car ils peuvent financer un investissement en quelques jours, plutôt que d’appeler des capitaux des investisseurs, ce qui nécessite une période de préavis beaucoup plus longue. 
  • Donner une plus grande lisibilité sur le timing des appels de fonds pour aider les investisseurs à gérer leurs propres cashflows.
  • Permettre de consolider ou de regrouper les appels de fonds pour mieux les organiser. 
  • Améliorer les rendements basés sur le taux de rendement interne (TRI).
     

Quelle opportunité ?

La demande annuelle mondiale de « fund finanicng » dépasse les 1 000 milliards de dollars [1]. Nous nous attendons à ce que cela augmente considérablement dans les années à venir à mesure que la taille des fonds des marchés privés augmente.

Actuellement, les plus grandes banques mondiales dominent ce marché. Mais de nouvelles banques entrent maintenant en jeu en raison des rendements attractifs disponibles.
En effet, compte tenu de la taille de plus en plus importante des facilités de financement, une grande banque syndique généralement la facilité entre plusieurs autres banques, réduisant ainsi son exposition au risque. En effet, les banques doivent souvent gérer des plafonds de crédit, des seuils sectoriels et des risques de contrepartie. La syndication permet de gérer ces risques.

Cependant, parce que d’autres banques représentent des concurrents directs, les grandes banques recherchent de plus en plus des prêteurs non traditionnels pour participer à leurs programmes de prêt. C’est là que les assureurs entrent en jeu.

Pourquoi le « fund financing » est-il attrayant pour les assureurs ?

Nous pensons que cette classe d’actifs peut être adaptée aux objectifs financiers d’un assureur pour ses raisons :
  • Une qualité de crédit attrayante
  • Une durée courte – maturité entre deux et cinq ans
  • Des rendements non corrélés aux marchés publics
  • Une faible volatilité et un risque de crédit moindre
  • Une forte protection structurelle (Graphique 1)

Chart 1. Sources of recovery of payment for LP-backed fund financing facilities

fund financing for insurers

Le « fund financing » offre également une possibilité de rendement pérenne. Les stratégies adossées aux engagements des LP peuvent viser des rendements de 165 à 200 points de base (bps) au-dessus d’un taux de référence, et les stratégies adossées à la valeur nette des actifs (NAV) peuvent cibler 350 à 500 bps au-dessus d’un taux de référence.

Pourquoi est-ce le bon moment pour les assureurs d’entrer sur ce marché ?

Le marché du prêt a généralement été la chasse gardée des banques. Mais ces dernières années, une réglementation plus stricte a poussé les banques à co-investir avec des investisseurs privés. Et trouver des opportunités pour les investisseurs privés est un défi.

Les gérants de fonds des marchés privés veulent généralement travailler avec des banques capables d’offrir une gamme de services bancaires. Cela peut être intimidant pour ceux qui ne sont pas familiers avec la documentation juridique et la structure des fonds.

Les complexités liées à la documentation bancaire et à celle du fonds peuvent également constituer un obstacle pour beaucoup. La vérification préalable des antécédents et de la stratégie du gérant peut s'avérer difficile et chronophage. À cela s'ajoutent la gestion de la trésorerie et le suivi de chaque prêt. Les gérants d’actifs peuvent constituer un moyen efficace pour les assureurs de participer au « fund financing »

Points importants à considérer chez un gérant
« fund financing »

À notre avis, pour choisir un gérant en « fund financing », il est prudent de considérer ceux ayant des capacités étendues, y compris la gestion du crédit et de la liquidité, la couverture de change et, bien sûr, l'expertise opérationnelle, juridique et de structuration.

Il est également utile que votre gérant « fund financing » effectue déjà une due diligence approfondie et continue des véhicules de Private Equity, des GP et de leurs investisseurs. L'accès aux programmes de prêt auprès de toutes les principales banques actives sur ce marché est également essentiel.

Les gérants d'investissement qui disposent de ces contacts et de ces compétences sont les mieux placés pour fournir aux clients des prêts dans différentes devises, ainsi qu'un éventail de durées et d'options de tarification pour répondre à leurs besoins spécifiques. Les gestionnaires d'actifs dotés de ces capacités de due diligence et de gestion des flux de trésorerie peuvent également rendre de précieux services à leurs clients, en leur faisant gagner du temps et en leur permettant de saisir d'autres opportunités pour accroître leur rendement.

  1. Prequin, février 2025.